Fuzzine. Serge Gainsbourg. Titre « Qui c'est Benjamin Biolay ? ».
D'abord, il y a l'inoubliable tronche de cette grande courge de Whitney Houston.
Outragé (tu parles) par un « I Want To Fuck You » bien gras et velu. Comme si Bérurier avait baissé son froc, devant une communiante. Avec en prime, l'air faux jeton de Drucker. Le tout sur fond de Gainsbarre se marrant comme un bossu.
Ou Catherine Ringer manquant de se prendre une paire de tartes, par un vieux philosophe sentencieux, ratiocinant dans sa barbe sur l'art de bien tailler les pipes. C'est, en général, à ce moment précis que ma grand mère éteignait la télé. Pas facile, même dans les années 80, d'être fana de Serge Gainsbourg. Le coup du billet de 50 sacs, cramé en direct sur TF1, avait aussi, largement contribué à sa réputation. De camé/arsouille/crasseux/pornographe patenté/pédophile impénitent/sale youpin/ il passait à gaspilleur outrancier, en un temps où les salaires avoisinaient les 4000 balles mensuels.
Et sa magnifique biture, un samedi soir chez Michel Polac, confinait au sublime, tant il était obliquement rond. Serré de prés par l'équipe de Charlie Hebdo, sérieusement entamé aussi. Ce qui valait, à tout prendre, mieux que son redoutable personnage de zombie, assoiffé de gamines à sodomiser, chialant en évoquant ses gosses. Tout juste bon pour Ardisson. Un pas en avant, trois en arrière.
Comme ses disques, une fois passé l'age d'or des années 60. Qui le vit (entre autres exploits forcenés) placer une histoire de sucettes, dans la bouche (vertueuse) de France Gall. Bref, pour bien cerner Sergio (qui s'en taperait royalement, si il était encore de ce monde), un petit exercice de comparaison entre deux de ses méfaits.
L'un infréquentable, l'autre surhumain. Honneur aux grand éclopé, Rock Around The Bunker (1975) n'a (à part quelques sublimes versifications en scatologie majeure) RIEN pour lui. L'humour ici déployé (visant à crépir les nazis de bouse bien fraiche) ferait gerber à la fois Céline et Robert Ménard. +
Le problème c'est que rendu dans ces sphères du quinzième degré, on perçoit mal le clin d'œil. Sentant le pet froid, la bite au cirage et la gueule de bois rance. Pas qu'on aille prendre Gainsbourg pour un facho, évitons d'être gratuitement con. Mais à force de slalomer entre des bornes dangereuses (la blague de routier, le piège à ancien de l'OAS, la svastika prout prout bidet) pour éviter les moralisateurs jaunâtres, on s'emmerde ferme. Surtout sur fond de blues rock crasseux et poussif, qu'on croirait échappé d'une poubelle de Status Quo.
Avec des choristes tout juste potables (et encore) pour Petula Clark, en 1965. Et pour bien prouver comme tout ceci lui casse les bonbons, Gainsbourg exhorte ses tacherons (« et allez l'orchestre ») avec un ton las. Un peu comme Lou Reed, dans Rock And Roll Animal. En guise de Steve Hunter/Dick Wagner, on a un triste pro, récitant sa leçon de solfège. Bref, c'est catastrophique, et indigne.
Il refera le même coup avec Mauvaise Nouvelle des Étoiles, des années plus tard. En prenant garde d'inclure une dimension Nietzschéenne/misanthrope/ultra érudit. Apte à redorer son (bien abimé) blason d 'homme de culture. Feignant doué, certes, qui dérape vite une fois passé les quinze premiers pastagas.
Un genre qu'Alain Bashung érigera en fond de commerce, bien mieux tenu et décapant. J'ignore si il a eu honte (pas son genre, du moins pas en public) mais L'homme à tête de chou (1976) affiche une telle classe qu'on en reste baba. Comment avec une telle consommation de gnôle et de clopes, ayant survécu à un infarctus, peut-on sortir un truc (je parle d du disque, pas de sa b...) aussi vigoureux, soigné, parfait, inaltérable, à épuiser les substantifs.
L'histoire est toujours la même, un brave type se fait mettre le grappin dessus par une garce, surchauffé du cul. Il la tronche dans les tous les sens, mais c'est encore trop peu. Alors elle s'envoie tout ce qui passe. Et lui, pauvre con, se retrouve, cocu, fauché. Avant de fracasser le citron de la petite pouffiasse, et de finir à l'asile. Coté musique, il s'est ressourcé à l'école progressive, avec un beau son ample. Et de magnifiques dialogues guitare/clavier. Pas une trace de bâclage, de ces pets de lapins que n'importe qui (surtout lui) refourgue en milieu de face deux. Attendez, il y a les textes. La, il s'est vraiment fait un deuxième trou à l'anus. C'est écrit, mais alors....un sens de la césure, une effroyable aisance de dandy décavé.
Recette absolument impossible à copier, qui fait passer les pires obscénités pour de la poésie contemporaine. Apte à être enseigné dés la sixième (Najat en tombe dans les pommes).
Au lieu de quoi, notre homme est vite retombé dans ses pires travers. Vampirisant (avec sa patte à lui, certes) son époque (le reggae et puis le funk). Mais jouant son personnage, au lieu de faire parler sa supériorité. Hors les tubes jetables (Sea Sex And Sun) il a aussi beaucoup donné dans le sur mesure (Deneuve, Adjani). Hésitant la encore entre le potable (Dieu est un fumeur de havanes) et l'abominable (Pull Marine). Ah si, il a aussi écrit la seule chanson valable de Bijou (Betty Jane Rose).
Un journal de l'époque avait noté les textes des chanteurs français. Gainsbarre avait ramassé un 17/20, tandis que Jean Louis Aubert (ce cataplasme) repartait avec 5 et une mention médiocre. Voila, c'est un peu triste, mais c'est comme ça. Ah si, vous croyez avoir touché le fond du trou (je pouvais pas l'éviter) cinématographique avec Je t'aime Moi Non Plus, alors essayez de voir le méconnu Stan The Flasher. Pire ? Ma pauvre dame si c'était seulement pire...Et pour avoir (enfin) osé dire à Guy Béart (cette tache de foutre) de fermer sa gueule, un seul mot : merci.
https://www.youtube.com/watch?v=JN33M4j6aWI